dimanche 20 novembre 2016

La joueuse de go, entre poésie et brutalité


La joueuse de go 

Shan Sa




Résumé :


Depuis 1931, le dernier empereur de Chine règne sans pouvoir sur la Mandchourie occupée par l'armée japonaise. Alors que l'aristocratie tente d'oublier dans de vaines distractions la guerre et ses cruautés, une lycéenne de seize ans joue au go.
Place des Mille Vents, ses mains infaillibles manipulent les pions. Mélancolique mais fiévreuse, elle rêve d'un autre destin. « Le bonheur est un combat d'encerclement ». Sur le damier, elle bat tous ses prétendants.
Mais la joueuse ignore encore son adversaire de demain : un officier japonais dur comme le métal, à peine plus âgé qu'elle, dévoué à l'utopie impérialiste.
Ils s'affrontent, ils s'aiment, dans un geste, jusqu'au bout, tandis que la Chine vacille sous les coups de l'envahisseur qui tue, pille, torture.

( prix goncourt des lycéens en 2001 )

Mon avis : 

J'aime les romans sur la culture asiatique et particulièrement ceux qui nous font découvrir les conditions de vie des chinoises et des japonaises.

Dans ce livre, la poésie de la plume se heurte à la brutalité du contexte historique. Nous sommes au début des années 30, l'armée japonaise a envahi peu à peu la Mandchourie et des résistants se battent pour leurs idéaux. Violence, torture, exécution sont le quotidien des chinois de l'époque. 

Nous suivons la joueuse de go, jeune lycéenne, semblant peu se préoccuper des tensions politiques et qui vit sa vie d'adolescente avec comme passion le go, où seule femme, elle affronte et soumet ses partenaires. Une vie de bonheur simple jusqu'au jour où elle rencontre Min qui fera voler en éclat son équilibre.

D'un autre côté, un officier japonais vénérant l'impérialisme et sa patrie se confronte à la réalité de la guerre.

Des chapitres courts avec une narration à la première personne du singulier alternant le point de vue de la joueuse de go et de l'officier amènent une bonne dynamique au récit. La plume de l'auteur belle, poétique fait ressortir la brutalité et la barbarie de certaines scènes.

J'ai été touchée par cette histoire même si je ne suis pas parvenue à toujours comprendre les choix de notre joueuse de go. La fin m'a terriblement surprise et à nouveau j'ai été déstabilisée. Je n'ai pas compris sur le moment et finalement elle donne une réelle dimension tragique à ces deux destinées. 

Encore une fois, je trouve que le résumé en dit trop. Comme à mon habitude, je ne l'ai pas lu avant d'avoir bien avancé dans le livre et j'ai bien fait ! J'ai aimé m'interroger et découvrir comment les deux destins de nos protagonistes allaient se croiser et s’entremêler. Leur rencontre n'ayant pas lieu avant la moitié du livre, je ne l'aurais pas apprécié autant si je l'avais su dès les premières pages. 


Citations :


"Les paupières closes, les joues en flammes, des cernes bleutés sous les yeux, Mim m'embrasse avec l'ivresse d'un étudiant qui dévore un livre rare."


"L'inconnu joue avec une infinie lenteur. Le cheminement de sa pensée me surprend. Chacun de ses coups traduit un souci d'harmonie avec le tout. La progression de ses pions est aérienne, subtile, telle la danse des grues.J'ignorais qu'à Pékin, il existât une école où l'élégance prime sur la violence."


"La passion des hommes tarit plus vite que la beauté des femmes."


Un conseil ? Pour les amateurs de littérature asiatique. Si vous ne connaissez pas le jeu de go ou que vous craignez que l'histoire ne soit trop centrée sur ce sujet, ne vous arrêtez pas  à cela, ce n'est qu'un des nombreux aspects abordés par l'auteur.

Quelques mots pour conclure :

Une belle histoire, les chapitres courts aident à rapidement s'accrocher à l'histoire. Un équilibre déstabilisant entre poésie et brutalité.


Ma note : 16/20

2 commentaires:

  1. Ca fait des années que ce roman me tente, il est dans ma wish-list d'ailleurs !

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  2. Je te le passe quand vous remontez la prochaine fois 😁

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